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Son bonheur est dans le pré

Joueur de Toulouse, Sylvain Houlès élève des brebis dans le Tarn. Rencontre avec un homme humble, sportif accompli et passionné par l’agriculture.

La brise caresse les coteaux. Le soleil peine à bousculer les nuages. Nous sommes à Roumégoux, près de Réalmont, dans le Tarn. Sylvain Houlès sort de sa bergerie. L’homme est heureux. Il a troqué les crampons qu’il use, au milieu des treizistes toulousains, sur la pelouse des Minimes (1), à une centaine de kilomètres de là, contre des godillots. Sa journée a débuté à 6 h 30. Lorsqu’elle s’achèvera, au retour de l’entraînement, il sera plus de 21 heures. En dehors des déplacements outre-Manche, il consacre une vingtaine d’heures hebdomadaires au XIII.

« Petit, je savais qu’un jour je serai paysan », lance-t-il. Comme son père. Et son jeune frère suit. Ils travaillent de concert, en GAEC, avec des vaches et des brebis laitières. Les brebis, c’est son domaine. Son cheptel atteint les trois cents têtes qu’il élève sur quatre-vingts hectares. La production, 75 000 litres par an, est collectée pour la fabrication du roquefort.

Parti de son Tarn natal à l’âge de 15 ans pour rejoindre le XIII Catalan, Sylvain, 29 ans depuis mardi, se retrouve, trois ans plus tard, en Angleterre. Il y restera six années (lire par ailleurs), en devenant l’un des premiers Français à évoluer en Super League. « Je ne faisais que du rugby. Pour passer le temps, la play station, ça va un moment. Il me manquait quelque chose. Lors de nos déplacements en bus, je me collais au carreau pour regarder la campagne anglaise. »

Sylvain Houlès (ici avec Félix, son fils), le treiziste, est à la tête d’un cheptel de trois cents têtes./ Photo DDM, J-P.P.

« Toujours ma campagne en tête »

Après avoir signé au TO à l’orée de la saison 2006-2007, notre homme n’est pas resté longtemps citadin : « Au début, avec Maude (sa compagne anglaise rencontrée à… Albi, N.D.L.R.), nous vivions à Toulouse. Mais je venais très souvent à la ferme pour aider mon père. Je m’y suis installé en novembre 2007, avant d’acheter ma propre ferme à sept kilomètres de celle de mes parents . Lorsque j’habitais en ville, j’avais toujours ma campagne en tête. Je ne pourrais plus vivre sans, poursuit-il. J’ai besoin de voir l’herbe pousser, les arbres, les fleurs. »

Sylvain n’a pas choisi une voie facile dans un monde agricole en crise. Pourtant, il se veut optimiste : « Il faut l’être. Le monde a besoin des agriculteurs pour se nourrir. Mais on doit être passionné pour exercer ce métier. » Et bosser. Dur. Sans compter ses heures.

« Entre la ferme, le rugby et ma famille, ma vie est bien remplie », ajoute-t-il en regardant Maude et Félix, 2 ans, leur fils. « Le plus important, c’est la réussite de ma famille, de mon entreprise, et que tout le monde soit heureux autour de moi. »

Un vrai bonheur, dans le pré.

Le chiffre : 4

clubs > Anglais. Sylvain Houlès a rejoint l’Angleterre à 18 ans. « Je voulais vivre cette expérience, précise-t-il. Après un match France-Angleterre (Sylvain compte 17 sélections, N.D.L.R.), le coach anglais John Kear, qui entraînait également Huddersfield, m’a ainsi recruté. » Sylvain a ensuite joué aux London Broncos, à Deswsbury et à Wakefield avant de rejoindre le Toulouse Olympique

Sylvain, l’un des « grands frères »

Troisième ligne, Sylvain Houlès a été utilisé en tant que demi d’ouverture depuis le début de la saison : « J’ai été contraint de jouer à ce poste pour dépanner, explique-t-il. Mais c’est surtout pour Constant (Villegas, le titulaire, blessé) que ce n’est pas facile. » À l’ouverture, le TO a désormais la possibilité d’utiliser William Barthau, un jeune des Dragons Catalans qui possède une double licence (« dual »).

« Faire trois ou quatre matchs à ce poste ne me dérangeait pas, poursuit Sylvain Houlès. Mais j’ai dû les faire presque tous. C’est un poste difficile qui demande des qualités d’organisateur. Il faut être un bon leader. En général, les demis d’ouverture sont des « 6 » naturels. Moi, je suis un « 6 » forcé. En troisième ligne, je dispose de davantage de liberté dans le jeu », ajoute notre homme qui, avec Éric Anselme, est l’un des deux « grands frères » de l’équipe du TO dont la moyenne d’âge est inférieure à 24 ans.

« Et c’est quelqu’un d’important pour le vestiaire », insiste son président, Carlos Zalduendo.

1. Toulouse affrontera Widnes, demain, à 19 heures, au stade Arnauné aux Minimes.

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