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La Dépêche du Midi – Carlos Zalduendo : L’épicurien du XIII

Pour traverser Toulouse avec Carlos Zalduendo, mieux vaut ne pas être pressé. Tout le monde (ou presque) le connaît, l’interpelle, et il serre plus de mains qu’un politique en campagne. L’emblématique président du Toulouse Olympique XIII fait partie des personnages de la Ville rose. Sa moustache est célèbre, des Minimes à Saint-Cyprien, du Capitole à La Roseraie… Une moustache de 40 ans d’âge. « Lors d’un match à Whitehaven (Angleterre) avec l’équipe de France juniors placée sous la direction de Puig-Aubert, j’ai eu la lèvre supérieure ouverte et on m’a posé une agrafe. J’ai été obligé de laisser pousser la moustache. Et elle ne m’a plus quitté. Même si elle blanchit un peu, je la garde. Si je la rase, peut-être que me femme ne me reconnaîtra pas (rires). » Voilà pour l’anecdote. L’attachant Carlos nous a rendu visite pour nous parler de rugby à XIII et de tout ce qu’il aime dans ce sport qu’il a découvert… au petit séminaire. La convivialité, le partage, la passion, la simplicité, des valeurs que cet épicurien apprécie par-dessus tout.

De l’Espagne à la France

Vous êtes né en Espagne, comment êtes-vous arrivé en France ?

Je suis arrivé à l’âge de 5 ans. J’étais le dernier d’une famille de cinq enfants. Mon père, maçon, s’est installé à Artix, à côté de Pau, avec mes frères aînés, alors que je suis resté avec ma mère près de Saint-Jean-Pied-de- Port où j’ai appris le basque. Ensuite, j’ai appris le français pour être comme les autres et j’ai oublié le basque et l’espagnol. J’ai repris l’espagnol par la suite, mais j’ai souvent entendu ma mère et ma grand-mère parler basque entre elles.

Que vouliez-vous faire lorsque vous étiez jeune ?

Je voulais devenir curé. J’ai été en séminaire à Gimont de la 7e à la 4e. Et puis je suis venu au Christ Roi, rue de l’Aude à Toulouse, où je suis resté jusqu’en première, avant de repartir passer mon bac à Pau. À ce moment-là, je ne savais pas ce que je voulais faire, si ce n’est ne plus être curé. J’ai fait une fac de droit que j’ai arrêtée au bout d’un an. J’ai devancé l’appel et j’ai passé le concours d’inspecteur de police en 1975. Je suis passé par la criminelle, les mœurs, les débits de boissons avant de finir officier hooliganisme jusqu’à ma retraite il y a trois ans.

La découverte du rugby à XIII

Comment avez-vous découvert le rugby à XIII ?

Au Christ-Roi, par mon professeur de latin. J’avais 16 ans. Avant, j’avais fait du football, comme tous les gamins, de l’athlétisme et j’ai été champion de France scolaire de handball. À Pau, j’ai fait la préparation estivale à XV, avec la Section Paloise. Les dirigeants du TO sont venus me chercher, j’ai dit oui. Et j’ai disputé mon premier match en équipe première contre Avignon à 17 ans et demi.

Que représente pour vous ce sport ?

Ah, je suis obligé de regarder en arrière (sourire). Quand j’étais étudiant, c’est un sport dans lequel je me suis réalisé physiquement, où j’ai trouvé une chaleur avec les joueurs. Combattre ensemble, la convivialité, la solidarité, dans la victoire comme dans la défaite, tout ça est le plus important à mes yeux.

Pas de jalousie envers vos cousins du XV ?

Non, je ne suis pas jaloux. C’est vrai qu’il faut plus convaincre parce que nous sommes du XIII. Là où, pour certains, la porte est ouverte, pour nous, il faut la pousser. Mais les gens du XV n’y sont pour rien. D’ailleurs les relations entre les deux sports sont excellentes. J’essaye de bannir les expressions « treiziste » et « quinziste ». C’est se focaliser sur les querelles du passé. À Toulouse, nous avons toujours eu de bons moments ensemble.

Le Toulouse Olympique

N’est-ce pas difficile d’exister à Toulouse dans l’ombre des géants que sont le TFC et le Stade Toulousain ?

C’est difficile pour tout le monde. Nous sommes dans l’une des grandes villes parmi les mieux dotées en équipes de haut niveau. Mais aussi la seule grande ville française qui dispose d’une équipe de rugby à XIII. Il y a ici un vrai potentiel de développement. Mais, pour exister, le sport demande des structures. Nous sommes passés en société, nous avons créé un centre de formation et développé un réseau de partenaires, notamment autour de la Table ovale. Sans réseau, il n’y a pas de club.

Justement, la Table ovale, parlons-en, c’est un peu votre bébé…

Je l’ai créée en 1995, parce que je ne voulais pas toujours aller voir les mêmes personnes. On en fait onze par an depuis quinze ans. Nous étions 28 la première fois, 54 la deuxième, et aujourd’hui environ 220 personnes. Elle regroupe tous ceux qui aident le club avec leurs moyens. Il s’agit de créer les conditions du retour sur investissement pour nos partenaires. La composition des membres est très éclectique. Il y a un peu de tout. L’idée de la table rassemble des bons vivants, toujours dans cette idée de convivialité, le respect de la parole donnée. Et l’ovale pour le rugby et toutes les valeurs qu’il représente. Vous êtes le président emblématique du TO depuis 15 ans.

N’avez-vous pas l’impression de porter le club à bout de bras ?

Je pense que cela se passe partout de la même façon. C’est peut-être plus flagrant parce que nous sommes un sport moins médiatisé. J’ai toujours dit que si j’ai accepté la présidence du TO, c’est pour le pérenniser. J’ai une belle équipe autour de moi, et pas que le sportif. Le conseil d’administration, l’association, tout le monde travaille bien. J’ai aussi la chance de pouvoir le faire à plein-temps depuis que je suis à la retraite. Je suis en quelque sorte un PDG bénévole.

Combien de temps y consacrez-vous ?

Le temps, ca ne se compte pas. Ce qui compte, c’est ce que l’on en fait.

Le TO XIII entame sa troisième saison en Co-Operative Championship, avec la perspective d’accéder à la Superleague en 2012. Où en le projet ?

Ce sera compliqué d’y accéder pour 2012 (les licences seront attribuées en juillet, N.D.L.R.). Il nous faut un stade de 12 000 places, c’est une condition sine qua non. Nous avons l’accord de la mairie sur une première tranche de travaux pour les loges, le bureau et le réceptif. En Championship, il y a les inconvénients de la Superleague, sans les avantages : la fatigue, les déplacements, sans les droits télés. Mais ça nous a aussi fait avancer. L’objectif reste la présence d’un deuxième club français en Superleague. Il faudrait au moins ça pour avoir une équipe de France compétitive et susceptible d’attirer les médias.

Propos recueillis par Denis Peignier

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